Galaxie 009 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: OPTA
Publié: 1965-02-14T23:00:00+00:00

Les loups de Vénus étaient petits, maigres, avec une robe jaune et de longues mâchoires grimaçantes. Ils faisaient partie des rares mammifères qui hantaient le Désert du Scorpion. Leur nombre s’accroissait sans cesse derrière Morrison. Il dégagea le revolver qui se trouvait dans son étui. Les loups ne faisaient aucune tentative pour se rapprocher. Ils avaient tout le temps.

L’homme poursuivait sa marche en regrettant de ne pas avoir emporté un fusil. Mais cela aurait signifié deux kilos de plus, et deux litres d’eau en moins.

Au crépuscule du huitième jour, il se disposait à camper lorsqu’il entendit un crépitement. Il se retourna du côté d’où venait le bruit et aperçut, à trois mètres sur la droite et un peu au-dessus de sa tête, un petit tourbillon, sorte de cyclone en miniature. Cela produisait en tournant le crépitement caractéristique du télétransport.

« Qui peut bien me téléporter quelque chose ? » se demanda Morrison tandis que le typhon en réduction s’élargissait lentement.

Le télétransport consiste à projeter, à partir d’une base, des objets ou marchandises quelconques vers un point désigné. Il était devenu classique sur Vénus, où les distances à couvrir sont extrêmement vastes. Le système se prêtait au transport de tous objets inanimés ; il était en revanche impraticable pour les êtres vivants, en raison d’une modification moléculaire assez bénigne du protoplasme, mais dont l’effet était insupportable. Quelques personnes en avaient fait la désagréable expérience au début de l’exploitation.

Morrison attendait toujours. Le petit cyclone s’évasa en une ouverture circulaire d’un mètre de large. Elle livra passage à un robot chromé porteur d’un grand sac.

— « Oh ! c’est vous ? » dit Morrison.

— « Oui, monsieur, » dit le robot, qui était complètement sorti du champ rotatif. « William 4, pour vous servir. J’apporte le courrier de Vénus. »

C’était un robot de taille moyenne, aux flancs étroits et aux pieds plats, d’apparence humanoïde et de caractère aimable. Depuis vingt-trois ans, il assurait le service postal complet de la planète – classement, livraison et rebut. Il avait été construit pour durer et, pendant ces vingt années, le courrier était toujours parvenu à bon port. « Et voilà, Mr. Morrison, » dit William 4. « Il n’y a que deux services par mois dans le désert, j’ai le regret de le dire, mais le courrier est délivré avec promptitude, ce qui est une compensation. Ceci est pour vous… et ceci… Je crois qu’il y a encore une autre lettre. Votre voiture est en panne, si je comprends bien ? »

— « Hélas, » dit Morrison en prenant son courrier.

William 4 continuait à fouiller dans son sac. Le robot était un postier émérite mais il était aussi le pire bavard de la planète.

— « Je sais qu’il reste une autre lettre quelque part, » dit William 4. « Quel dommage que votre voiture soit en panne. Ah ! elles ne valent pas celles que l’on construisait du temps de ma jeunesse. Croyez-moi, jeune homme. Faites demi-tour pendant qu’il en est encore temps.

Morrison secoua la tête.

« C’est de la folie, de la folie pure, » dit le vieux robot.

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